SORCIER
Petit Larousse
Adjectif et nom (de sors ; sort et du latin sortiarius). Personne que le peuple croyait autrefois associée avec le diable, pour faire des maléfices ; la croyance aux sorciers n'a pas encore totalement disparu chez les peuples sauvages. Fig. personne fort habile. Fam. S'emploie adjectivement dans le sens malin, difficile ; prédire la pluie quand le ciel se couvre, ce n'est pas sorcier. N'être pas sorcier, grand sorcier, n'être pas très intelligent. V. Macbeth (mais dans le drame de Shakespeare ce sont des sorcières).
Littré
1. Celui qui passe pour avoir fait un pacte avec le diable, à l'effet d'opérer des maléfices et pour aller à des assemblées nocturnes dites sabbat.
2. Jouet d'enfant, petit bonhomme en moelle de sureau ou autre matière très légère, plombé par le bas, de façon à se remettre toujours sur ses pieds.
Fable de La Fontaine
LA SOURIS METAMORPHOSEE EN FILLE
Pythagore chez eux a puisé ce mystère.
Sur un tel fondement le bramin crut bien faire
De prier un sorcier qu'il logeât la Souris
Dans un corps qu'elle eût eu pour hôte au temps jadis.
Le sorcier en fit une fille
De l'âge de quinze ans, et telle et si gentille
Que le fils de Priam pour elle aurait tenté
Plus encor qu'il ne fit pour la grecque beauté.
COMMENT LE NOIR SE SOIGNE-T-IL ou MEDECINE ET MAGIE AFRICAINES
par DOMINIQUE TRAORE. (extraits)
Editions Présence Africaine - 1965
POUR RECONNAITRE UN SORCIER
Se laver la figure dans une calebasse neuve d'eau contenant dissoute une poudre obtenue en écrasant finement un gui (Loranthus) de dôgué (Bambara : Ximenia americana) et une bonne poignée de souköla (Bambara : Ocimum viride). Permet de reconnaître un sorcier.
POUR RASSEMBLER DES SORCIERS
Concasser grossièrement un gui (Loranthus) de dôgué (Bambara ; Ximenia americana) et un ou deux magô kin toumou (ver souterrain ayant une certaine analogie avec la sang-sue et qui suce comme celle-ci le sang humain. Se rencontre le plus souvent dans des cases où on se couche par terre sur des nattes). Jeter une bonne poignée du produit obtenu sur du charbon allumé dans un tesson de canari. Aussitôt irrésistiblement, tous les sorciers du village, sans exception de sexe ni d'âge, accourent et se pressent autour du récipient magique.
POUR VOIR DES SORCIERS
Introduire dans un canari contenant de l'eau des gousses de piments rouges, des écorces de kolokolo (Afrormosia laxiflora) et sept noix de cola rouges. Fermer le récipient et le mettre de côté. Chaque matin, à partir du septième jour se rincer la bouche, laver la figure d'une partie du contenu du canari ; croquer une des noix de cola que contient celui-ci. Cesser après avoir croqué la septième noix de cola. Jeter les débris et voir, après ce régime, des sorciers. Le lieu de réunion de ces derniers se trouve toujours à l'Ouest de la localité. Ils se réunissent à midi ou à minuit.
Concasser un gui (Loranthus) de ndôgué (Ximenia americana) et un os de chat noir. Faire sécher le tout sur une terrasse en prenant soin de placer tout autour une aiguille, un rasoir et un poignard. Piler à nouveau ces éléments pour obtenir une poudre sèche qu'on conserve dans un sac noir à défaut d'une peau de chat noir. Introduire alternativement dans une eau, en commençant par la main droite trois pincées de cette poudre. Se servir de ce liquide pour se laver et voir des sorciers. La même poudre répandue derrière une case à fétiche provoque des termites qui envahissent celui-ci, le rendant ainsi inoffensif. Ce qui explique la rareté de gui de Ximenia americana, le sorcier comme le féticheur l'arrachant pour jeter à la première vue.
Pour savoir si une personne est sorcière et la soigner en conséquence, on place dans la case qu'elle occupe un tesson de canari cassé contenant du charbon allumé et une poudre composée d'un gui (Loranthus) de ntomi (Tamarindus indica) et de l'ail pulvérisés ensemble. Elle se confesse en énumérant ses victimes. Un silence indique que la personne malade n'est pas sorcière.
Se laver la figure dans un liquide contenant dissous un gui pilé de toro (Ficus gnaphalocarpa).
POUR DECOUVRIR UN SORCIER OU UNE SORCIERE
Pulvériser un kaouchi (Loranthus) de tounfafiya (Calotropis procera), le faire sécher au soleil ;le piler de nouveau, puis tamiser pour obtenir une poudre fine. Lorsqu'on suppose une personne, en danger de mort, être victime d'un sorcier ou d'une sorcière, on introduit dans son breuvage (bouillie claire de mil ou même eau tiède) une pincée de cette poudre. Aussitôt ledit breuvage absorbé, le supposé ensorcelé appelle son ensorceleur suppliant celui-ci de libérer son âme captive. Les parents du patient mandent alors la personne dénoncée et lui donnent l'ordre d'enjamber à trois reprises le malade. Elle exécute l'ordre reçu ; mais à la troisième enjambée le souffrant qui semble être alors en possession de tous ses sens lui saisit brusquement la jambe et lui pose les questions suivantes : "Que t'ai-je fait ? Pourquoi veux-tu ma mort ? " Ces questions restent presque toujours sans réponse, mais ce qui est certain c'est que l'ensorcelé est presque toujours sauvé après cette pratique. Des fois, la personne dénoncée s'entête, refuse d'obéir déclarant être innocente. Pour l'y contraindre, on lui fait prendre un bain dans une eau contenant des gousses de piment, des sommets de rama (Hibiscus cannabinus) et du charbon concassés. Ce bain provoque une vive brûlure et fait horriblement souffrir la personne qui y est soumise. Cela l'oblige à obéir au grand profit de l'ensorcelé.
GUIDE DES PYRENEES MYSTERIEUSES
LES GUIDES NOIRS - Club Princesse
BERNARD DUHOURCAU
Châpitre Les Traditions page 103
Le sorcier, maître de cérémonie
Avec le bal de l'ours au symbolisme érotique et cruel, les Pyrénées offrent un éventail extraordinaire de rites incantatoires du printemps. Ils leur ont été légués, selon toute apparence, par cet étrange maître de cérémonie, le sorcier du Volp, le "roi cerf" dont la figure masquée de dépouilles animales veille au fond des cavernes du Volp, dans l'Ariège, au centre géographique et magique de la chaîne.
Montesquieu-Avantes - Ariège - page 425
Les hommes de la préhistoire ont accumulé à plaisir, dans les replis des galeries souterraines du Volp, les énigmes les plus déconcertantes. On a cru découvrir ce génie dans l'extraordinaire figure peinte du sanctuaire, appelé successivement le "sorcier dansant", "le dieu cornu", "le roi cerf", ce qui trahit l'incertitude et le désarroi de tous ceux sui cherchent à expliquer les secrets de l'âme de nos lointains ancêtres. Il domine les panneaux représentant des animaux symboliques.
Ce personnage à silhouette d'homme courbé est surmonté d'une paire de cornes de cerf ; une crinière et des oreilles recouvrent le crâne et les épaules. Il a des yeux ronds de hibou, un bec d'oiseau de proie, des bras en pattes d'ours, un tronc et une queue de cheval attachée aux reins par un lien bien figuré. Sous la croupe pend un sexe de félin (ou d'homme). Les jambes et les pieds sont ceux d'un homme. "il fait penser aux satyres grecs" a écrit un peintre. "Dans ses mimiques sacrées, le sorcier des Trois-Frères est un des premiers auteurs du théâtre antique".
Magie noire, Magie blanche - page 141
Pour se protéger des maléfices
Contre les suppôts du diable, sorcières et sorciers, (sorginak au Pays Basque, pousouères ou brouches en Béarn et dans les Pyrénées centrales, bruixas et bruixots en Roussillon) les armes ne manquent pas. Les vieilles bouchent les trous de serrure avec le fenouil, une herbe de la Saint-Jean qui fait fuir les sorcières, comme l'ail dont il est bon de frotter les huisseries. Le bâton de coudrier est le seul bois qui fasse mal à ces êtres maudits. Quant à la confiture de fruits d'églantier, elle préserve des métamorphoses malveillantes.
En Roussillon comme au Pays Basque, les bons sorciers se nommaient du bon nom espagnol, les "saludadors" (les suppliants).
Lannemezan - Hautes-Pyrénées - page 353
Un pays hanté
Quatre mille hectares de landes constituent aujourd'hui ce qu'il reste de l'ancienne "lande du milieu", la "lanne mezan". Aux temps préhistoriques les chênes y poussaient. Mais au XIVe siècle, c'était une lande réprouvée. Les appellations anciennes de lans de pela-pout (pèle-coq), lane de boc (lande due bouc), évoquent des apparitions terrifiantes. Au XVIIe siècle l'historien Marca reconnaît qu'elle est "diffamée, pour ce que l'on pense qu'elle est le rendez-vous des sorciers de Gascogne".
Lescar- Pyrénées-Atlantiques - page363
Ci-gît un sorcier bienfaisant
En contre bas de la ville haute, s'étend le quartier de Saint-Julien. Sa pittoresque église renferme les tombes de plusieurs familles notables du Béarn. Une des pierres tombales est celle d'un certain Fondeville, médecin à Lescar. Il est resté surtout célèbre par les expériences physiques et les tours de prestidigitation qui le firent passer pour un véritable magicien. Certains n'hésitèrent pas à le qualifier de "sorcier", mais un sorcier bienfaisant.
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