DIGITAL CONVERGENCE

 

Rappelez-vous, c'était il y a un an, dans les premiers communiqués d'Amiga Inc. est apparu ce nouveau concept, la "digital convergence". Vu la clareté des propos sur ce "numerique machin" on a immédiatement repensé au fumeux projet de VISCORP *, le set-top box. Mais et si Viscorp justement n'avait pas déja entrevu dans l'Amiga ce concept de D.C. qui effectivement semble devoir se développer à vitesse grand V à compter des toutes prochaines années ? Alors la D.C. c'est quoi ? Rien moins qu'une nouvelle étape dans l'évolution de l'informatique. Si les années 80 ont vu l'apparition de la micro-informatique (Basic, clubs Microtel, Apple II, TRS80, To7 etc...) et les années 90 la démocratisation des micros (interfaces + conviviales, prix accessibles), les années... disons 00 devraient voir la dissolution des systèmes informatiques (processeurs notament) dans de nombreuses applications telles que la téléphonie et les télécom en général, l'audiovisuel (bouquets numériques, DVD, son digital etc...), les jeux, la photo, l'automobile, l'électro-ménager etc...Voici ce que prévoit David Clark, responsable du Laboratory for Computer Science (un des départements du MIT) : "Dans 10 ans, qu'aurez-vous dans chaque pièce de votre maison ? Ce ne sera pas un "quelquechose". ça sera sur Internet, ça pourra probablement parler et écouter, ça aura un écran et probablement pas de clavier. ça sera partout et vous l'utiliserez pour téléphoner mais aussi pour écouter de la musique, etc...". Dans quelques années donc, la souris nous semblera peut-être aussi archaïque que le clavier d'un ZX81, nous n'aurons plus un ordinateur mais une vingtaine, répartis un peu partout dans la maison. La digital convergence c'est donc l'introduction massive des "nouvelles" technologies, du numérique dans tous les objets clés de la vie quotidienne avec éventuellement un regroupement d'applications au sein d'un même "central". Exemples : le téléphone portable qui se dote régulièrement de nouvelles fonctions (e.mail, web, jeux), les consoles de jeux à venir (Dreamcast, PSX2, Dolphin) qui permettront de jouer, écouter des CD audio, faire du net, regarder des films. Ajoutez à cette console ce qui la différencie d'un micro (OS+interface, périphériques d'entrées/sorties et de stockage) et vous avez entre les mains un engin capable de rendre autant de services que les logiciels existants le permettent ! Evidement cette concentration d'applications a un effet pervers qu'on a d'ailleurs tous déja plus ou moins expérimenté (avec le miga par ex.) : en cas de plantage d'une des applications (ou de panne de l'appareil), ce sont toutes les autres qui se trouvent également bloquées ce qui peut s'avérer fort ennuyeux voire dramatique. J'ose donc espérer que nos brillants ingénieurs et autres génies du R&D ** sauront en tenir compte. Hors donc G2K/Amiga Inc, ceux qui veulent tout casser pour mieux reconstruire *** ont donc apparement le projet de se lancer sérieusement dans la D.C. A priori tout ce qu'ils annoncent semble extrêmement interessant si ce n'est carrément génial, même si on ne voit pas trop comment cette poignée de bonhommes va arriver à sortir ça (le surpuissant "Multimedia Convergence computer" tournant sous le révolutionnaire "Amiga Operating Environment") dans 3 mois et encore moins ce qu'on va pouvoir faire tourner dessus. Bref ! L'attaque se préparerait sur 2 fronts, grand public (console jeux genre PSX et/ou micro genre Imac) ET pro (station de travail). Donc, faisons un peu de prospective (exercice toujours périlleux), pour le début du nouveau millénaire, on devrait assister à l'apparition d'un Amiga**** digital convergent qui pourrait être une console d'une puissance à peu près équivalente à celle de la PSX NG, capable de se connecter au réseau, de muter en micro (multi-OS grace à Java2,Transmeta et/ou émulateurs ?) par l'adjonction de quelques périphériques et d'une base logicielle à coté de laquelle Windows ferait figure de dinosaure asthmatique. L'appareil serait facilement déclinable en portable ou en micro domestique monstrueusement modulaire et évidement très facilement configurable. Enfin DVD, MPEG2, ADSL, FireWire, USB, écrans plats numériques, reconnaissance vocale et d'écriture cursive, design des boitiers etc... seraient au rendez-vous. Enfin le vrai point fort de la machine résiderait dans son OS et dans des outils de développement très puissants et vraiment novateurs. Fantasme ou réalité ? Toujours est-il que G2K est une grosse société pleine d'ambitions capitalistes et qui voit d'un très bon oeil l'arrivée d'une nouvelle ère informatique où les boites de Windows pourraient aller rejoindre dans les placards les disquettes de DOS et autres listings de Basic, une ère où les G2K boys pourront enfin espérer se libérer du joug d'une certaine société immensément riche grace à un produit immensément médiocre, une ère bénie pour tous les B.G. en herbe qui pullulent à la Silicone Valley et qui rêvent bien sûr tous de devenir Calife à la place du Calife. Et puis ne pas oublier que des milliers d'informaticiens bien placés (parmi lesquels d'ex-amigaistes) ont à supporter quotidiennement Windaube alors qu'ils savent parfaitement que d'autres solutions qui leur simplifieraient largement la vie existent. D'autre part, le changement de millénaire devrait marquer le début réel des hostilités envers M$, après quelques signes avant-coureurs tels que l'explosion Linux-the-NT-killer, le procès anti-trust, le ras-le-bol des utilisateurs pros et amateurs (prochain épisode : les éventuelles conséquences du Y2K bug). Il faut sérieusement considérer qu'en s'incrustant dans presque tous les moments de notre vie quotidienne, tout appareil embarquant un peu d'informatique aura rapidement besoin de systèmes d'exploitation autrement plus fiables et légers que vindose, ne serait-ce que pour une question de sécurité et de rentabilité (les errances de Windows coutent très cher aux entreprises). D'ailleurs une floppée de challengers sont déja en lice avec parmi les plus connus MacOS X, Linux, BeOS, QNX. A moins que M$ n'arrive à sortir de sa manche un OS digne de ce nom et surtout capable de s'affranchir du problème de la compatibilité avec son cher Zindoz (un tournant où les copains suscités l'attendent avec un air mauvais voire carnassier), l'avenir reste largement ouvert et tout peut arriver. Ainsi dans le domaine du jeu vidéo, souvenons-nous comment Sony a explosé la concurrence Sega/Nintendo avec sa PSX que personne n'attendait. Pas d'affolement cependant car avec tous ses milliards, M$ déja bien installé, continue de verrouiller tout ce qu'il peut. Ainsi M$ et AT&T (n°1 des télécom US) viennent de s'allier dans le but de régner en maitres absolus sur la TV et le net par le cable US (mais avec Windows CE pour gérer les boitiers donc tout n'est pas perdu ;-) Autant dire en tout cas, que la concurrence va devoir salement ruser pour renverser la vapeur, même si le grand public a aussi son role à jouer (imaginons un engouement global pour des boitiers DC simultanément à un débarquement massif de PC chez les "Cash Converters" ou "Emmaus" du monde entier). Alors chers téléspectateurs ne zappez pas car ça va saigner dans la Valley, et d'ailleurs, Nostra et Paco me l'ont confirmé, de grands bouleversements cataclysmiques vont complètement modifier la planète informatique !

Ch. DZ (Juillet 99)

 

* Une des nombreuses sociétés ayant racheté AMIGA.

** Research & Development.

*** Ce qui n'est pas forcément idiot puisque ce sont les problèmes de compatibilité qui ralentissent le plus l'évolution d'un système informatique et sur ce point, partant de zéro ou presque, Amiga Inc aurait un net avantage sur ses concurrents qui rament pour évoluer tout en restant compatible.

**** Amiga qui n'aurait d'Amiga que le nom et qui pose pour la 10 millième fois la question : Pourquoi avoir acheté l'Amiga si c'est pour ne rien (excepté un réseau de développeurs ?) en garder ?